Comité de lutte contre l’arbitraire judiciaire

En passe d’être jugé pour blanchiment, le juge dinantais Luc Monin, actuellement suspendu, organise sa riposte.

Au cours d’un point presse, le juge dinantais, Luc Monin, a développé sa contre-attaque, hier en fin d’après-midi, à Bruxelles. Sous le coup d’une inculpation de blanchiment, le magistrat – actuellement suspendu – a annoncé la naissance d’un comité de lutte contre l’arbitraire judiciaire.

À l’entendre, « il existe au sein du système judiciaire belge, et plus particulièrement au sein de la Cour de cassation, un problème dont la gravité doit retenir l’attention du citoyen et impliquer une action à mener ».

UN POUVOIR EXORBITANT AU PROCUREUR GÉNÉRAL

Flanqué de son avocat, Me Marc-Léon Levaux, et de Me Michel Delacroix, l’ancien président du Front national belge, M. Monin a exposé que l’arbitraire judiciaire existe dans notre pays et qu’il constate « des dérives redoutables pour les droits et les libertés des citoyens ».

De souligner que si, dans leur immense majorité, les magistrats se plaignent à raison du manque de moyens de la justice, cette réalité sert d’alibi et masque lesdites dérives, dont il se dit victime. De faire valoir aussi que notre code d’instruction criminelle date de l’époque napoléonienne, soit de plus de deux siècles. Bref, la procédure qui implique un magistrat, pour des infractions présumées commises hors de ses fonctions, persiste à confier un pouvoir exorbitant au procureur général.

Et le juge dinantais se dit victime d’un acharnement de la part du procureur général de Liège, Christian De Valkeneer, pour avoir rendu un jugement qui incriminait l’action du parquet général dans la gestion d’un grave incident ferroviaire.

« PRIVILÈGE DE JURIDICTION »

« Depuis ce jour, je suis devenu la bête noire, parce que j’ai refusé de cautionner cette façon de faire », insiste le magistrat. M. De Valkeneer exercerait une vengeance du fait de la mise en cause de la SNCB dans ce litige, puisqu’il aurait voulu éviter un procès pénal.

M. Monin condamne le principe du « privilège de juridiction » qui veut notamment qu’un magistrat soit jugé directement par une cour d’appel, sans passer par le tribunal correctionnel. Enfin, il dénonce les « magouilles » de la Cour de cassation qui laisserait des magistrats user de faux noms. Ceux-ci, d’origine aristocratique, omettraient de mentionner toutes les particules de leur patronyme.

 

Par Jean-Pierre de StaerckeL’Avenir, 21/05/2019 à 07:00